De nombreux propos et agissement de l’actuel Président des États-Unis sont d’une telle violence que cela pousse certains cliniciens à vouloir porter publiquement un diagnostic sur cette personne. Aussi tentant que cela puisse être, il me semble important de ne pas utiliser la psychanalyse à cet effet.
En effet, si l’utilisation des diagnostics pose déjà certains problèmes avec les personnes avec qui nous travaillons, tant le diagnostic a tendance à enfermer les gens et à être compris comme un pronostic, il devient encore plus étrange de poser un avis sur une personne dont nous n’avons d’information qu’en tant que personnage public. Il serait narcissique, grandiose, immature. Tout cela est tout à fait possible. Chacun est libre de le penser. Mais poser un diagnostic publiquement en tant que clinicien c’est oublier que dans l’espace sécurisé d’une thérapie, patients et thérapeutes sont confrontés tous les jours à la subtilité de la psyché, que nous sommes remplies de conflits, de contradictions, de compensations, que nous sommes souvent en lutte contre nous-même, etc. Tout cela ne peut pas être entendu lorsque l’on entend uniquement une parole publique qui réagit à des contraintes internes qui nous sont inconnues.
Cela n’excuse rien des comportements de l’actuel Président des États-Unis, mais si les thérapeutes commencent à produire des analyses sauvages à propos de personnages publics, combien de temps faudra-t-il attendre pour que leurs patients commencent à avoir peur qu’on les juge, qu’on les condamne sans les connaître, comme le personnage public l’a été.